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Les fermetures dans l’habillement changent le visage des rues commerçantes de Lille

Une balade rue de Béthune, principale artère commerciale de Lille, offre une saisissante plongée dans l’actualité des enseignes d’habillement et de chaussures. Vide, le Celio. Vide, la boutique Camaïeu, juste en face. Vides, aussi, à deux pas, l’ancien chausseur André, et feu les magasins Naf Naf, Kaporal ou Heyraud.
Lourdes de conséquences pour les salariés licenciés, les fermetures en cascade dans les enseignes de moyenne gamme d’équipement de la personne changent aussi le visage des centres-villes, jadis peuplés de ces boutiques grand public. D’autant que « le secteur de l’équipement de la personne n’est pas neutre dans l’attractivité des villes. C’est le premier à faire venir les gens de loin, la clientèle à vingt ou vingt-cinq minutes, prête à se déplacer pour ça », rappelle Pascal Madry, directeur de l’Institut pour la ville et le commerce.
Alors que, depuis les années 1980, ce marché-là n’a jamais progressé en volume, les marques, elles, ont ouvert des boutiques à tout-va, en se finançant par la dette. Le marché étant surcapacitaire, en nombre d’enseignes comme en mètres carrés, les observateurs attendaient ce contrecoup prévisible. « C’était une bulle. Maintenant que les banques ne suivent plus, elle éclate et provoque ces fermetures en cascade », continue Pascal Madry.
C’est cette rationalisation du marché qui s’opère actuellement à Lille comme dans toutes les grandes villes. Mais « les faillites arrivant toutes en même temps, cela a un effet délétère sur les centres-villes. C’est une transition », explique Guénaëlle Gault, directrice générale de l’Observatoire société et consommation.
En charge de la relocation de certains de ces baux vacants, Alejandro Garcia constate bien la « mutation » à l’œuvre. « Dans le passé, on a eu jusqu’à 90 % de magasins de prêt-à-porter ici », se remémore ce consultant senior en retail pour le groupe CBRE à Lille, qui tempère l’impression de vacance : « Il y a un vide, mais parfois c’est juste la procédure qui est longue, obtenir des permis de construire, faire les travaux… » « Une grande majorité des cellules vides est déjà recommercialisée », affirme aussi Charlotte Baudry, conseillère en immobilier commercial chez Tostain & Laffineur Real Estate. Les deux agents s’accordent aussi sur une autre réalité : « La modification du paysage commercial. »
A qui aime jouer au jeu des différences, une balade virtuelle par Google Street View, dont les images ont été captées en 2018, permet de voir l’avant-après. Disparus le Brice et le Gap. Mais aussi les vastes boutiques des leaders du marché, H&M et Zara. Ceux-là n’ont pas fermé boutique, mais l’ont déplacée.
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